La Place Cléricée

Présentation du second ouvrage de 189 pages paru aux Editions Mélibée en août 2013, dans la catégorie "romans".

« La place Cléricée », sous-titré « Flétrissures, carcans et exécutions publiques dans une petite ville de province au dix-neuvième siècle  ».

Ce livre a pour point de départ l'étude des archives judiciaires de la ville où je passai ma jeunesse, Lons-le-Saunier.
Anne, le personnage du roman a un époux qui s'appelle Jean, habite le village d'Essert et est persuadée qu'elle porte un lourd secret de famille, à l'origine de tous les maux qui s'abattirent sur sa lignée maternelle depuis cinq générations. Elle-même souffre parfois de rêves qui furent récurrents à une période de sa vie, rêves au cours desquels, on lui tranchait le cou  !
Anne découvrira sur l'acte de mariage d'une aïeule, ce personnage, Léonard Bidaux qui fut guillotiné sur la place Cléricée en 1817. Elle se rendra alors aux archives de sa ville natale, dans le but de retrouver le motif de sa décapitation. Connu des descendants, cet homme vécut plusieurs procès, mais avant de les raconter, Anne en retranscrira d'autres, ceux de femmes surtout, car ces temps-là furent très durs pour les mères infanticides. Elle traversera ainsi la grande histoire: révolutions, empires, royautés et républiques à travers ces procès d'assises dialogués et romancés qui se déroulèrent dans la ville de Lons-le-Saunier entre 1804 et 1858.
Avec le petit peuple d'alors, Anne assistera encore aux supplices infligés sur la place Cléricée. Puis, elle finira par découvrir le secret de famille qui lui rompait le cou, mais elle trouvera sur sa route un être prêt à tout, pour l'empêcher de le divulguer.

7 commentaires :

  1. Françoise Kuentz4 juin 2014 à 14:08

    Chaque livre est partage d'une aventure, promesse, attente...



    Vous venez de le prendre en main...Un titre en nom de lieu, "Cléricée" ...de douces sonorités féminines en promesse romanesque?

    Un sous-titre et une illustration en contre-point: ""Flétrissures, carcans... au XIXe siècle" Alors...? Une étude documentée de sociologie historique portant sur la criminalité et le châtiment au début du XIX e siècle, nourrie par un patient travail d'archives? Certes!

    Mais vous aurait-il échappé que la première de couverture précise "ROMAN"?

    Le premier mérite de l'auteur est en effef d'avoir pris la mesure de la dense matière romanesque et de la vérité humaine que représentent les faits divers - comme l'avaient compris les romanciers du XIXe siècle, Stendhal, Flaubert ou encore Maupassant dont certains personnages sont inspirés par des faits divers. Au fil des dossiers, le lecteur rencontre une quarantaine de personnages, autant de "mini-romans", des destins "minuscules", des gens de peu: servantes, domestiques, fermiers, petits ouvriers ou artisans, surtout des femmes dans leur condition d'épouses, de fille, soeur et mères, criminelles et - ou - victimes... Des destins que la dureté de la vie, les violences sociales et familiales,la pesanteur ses préjugés... feront basculer dans la tragédie.

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  2. Françoise Kuentz4 juin 2014 à 14:10

    suite commentaire Françoise
    Une structure romanesque complexe suit les recherches, aux archives du Jura, d'une narratrice, "double" auquel l'auteur prête sa passion de la généalogie et de l'histoire, mais aussi son amour d'un terroir, celui de ses propres aïeux. A travers la sécheresse administrative et inhumaine des arrêtés, des procès verbaux d'exécution, à travers ces êtres de papier, de dossiers numérotés, datés, vieux de deux siècles, la narratrice sent se lever des êtres de chair et de sang... Un rien , un détail vestimentaire ou physique et ils s'imposent à elle, réels, vivants, avec leur corps, leurs misères et souffrances. Ils prennent la parole et la narratrice les écoute, écoute les témoins et la sentence... Puis elle les suit jusqu'à la Place Cléricée, place d'infamie. Elle est là, dans la foule, pétrifiée. elle ne peut détacher son regard du carcan, de la nuque offerte au couperet, de la tête qui roule... Et nous sommes là , avec elle, dans la même émotion, témoins d'aujourd'hui de la barbarie d'hier.

    Le mérite de l'auteur est d'avoir rendu crédible cette irruption constante du passé dans le présent, en donnant à sa narratrice une forte personnalité: par son acharnement dans la quête de la vérité, sa sensibilité qui se prend de tendresse pour ces réprouvés, elle se sent leur contemporaine et leur témoin. " Que justice soit faite! " tranche le juge et clame la foule au spectacle du châtiment. " Que justice leur soit rendue!" semble le mot d'ordre, dans les retranscriptions de la narratrice et, à travers elle, celui de l'écrivaine.

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  3. Françoise Kuentz4 juin 2014 à 14:16

    Suite commentaire Françoise
    Et le lecteur,quand il revient au présent, c'est pour être moins indifférent aux formes de la barbarie d'aujourd'hui, aux femmes lapidées ou mutilées, aux violences infligées, aux femmes de l'Inde, infanticides pour avoir accouché d'une fille..., aux geôles où croupissent des "damnés de la terre". C'est le mérite de l'auteur d'avoir su faire naître l'émotion et d'avoir trouvé les mots pour la dire. La narratrice, dans sa recherche sur le XIXe siècle, nous ramène finalement aux combats du nôtre, surtout de la condition des femmes.

    A ces multiples fils de chaîne de la quarantaine de destins singuliers, la romancière noue les fils de trame d'une double intrigue qui donne au roman son unité, sa progression et sa cohérence. D'abord la quête personnelle de la narratrice: élucider un secet de famille qui semble peser comme une fatalité sur plusieurs générations, quête d'une vérité libératrice. Puis une intrigue quasi policière ( la narratrice épiée, traquée, menacée même par un inconnu mystérieux ) qui réserve au lecteur la surprise d'un dénouement inattendu.

    Mais il y a aussi dans ce roman réaliste sombre, vrai"docu-fiction" comme on aime à dire aujourd'hui, en langage télévisuel, un rythme, une respiration.Tantôt la narratrice, fascinée, est comme hantée par les destins qu'elle découvre et qui s'enchaînent de séquence en séquence.

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  4. Françoise Kuentz4 juin 2014 à 14:31

    Fin du commentaire de Françoise

    Tantôt le récit ménage une halte pour libérer une tension trop forte. Ce sont alors les échanges entre la narratrice et son "époux-assistant", on saisit l'atmosphère de la salle de consultation des archives, les méthodes d'archivage et de travail. Ce sont les périgrinations solitaires de la narratrice qui aime se perdre dans les rues de Lons-le-Saunier, évoquer l'histoire et ses traces... Et puis haltes de poésie, pour savourer l'instant dans ce qu'il a d'unique, une aube, les couleurs des saisons, les paysages familiers et aimés, poésie des nostalgiques bouffées de souvenirs d'enfance où

    "Les parfums, les couleurs et les sons se répondent" ( Baudelaire, "Correspondances" )

    L'écriture de l'auteure se fait alors sensuelle et métaphorique pour retrouver "le vert paradis " de l'enfance.

    Peut-être faut-il ajouter encore la "poésie géographique" de ces déambulations sur "la carte et le territoire". Le récit égrène des noms de lieux, villages, hameaux, rivières et vallées, fermes éloignées et lieux dits en une poésie sonore qu'aurait aimée Aragon ( " La Diane française" ):

    " Cent villages sans lien sinon Amour de mon pays mémoire
    L'ancienne antienne de leur nom Un collier sans fin ni fermoir

    Une romance à ma façon... Le miracle d'une chanson..."






    Glanées au fil des pages, quelques notes de la chanson du Jura, perles sonores du collier de Josianne Avenard:

    " Chaumergy et Montchaunot

    Chambéria et Montchauvrot

    Arthenas et Arinthod

    La Vallière eLa Furieuse

    Le Moulin du Saut du Lloup

    Et le Lac des Rouges Truites..."



    J'ai fermé le livre, mais déployé la carte du Jura et je poursuis ma rêverie...

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  5. Guilaine Turin5 juin 2014 à 04:41

    Guilaine Turin, ma cousine, a écrit le 3/05/2014
    "Bien sûr que ton prochain livre m'intéresse, je vais le dévorer comme les précédents... La Place Cléricée m'a envoutée et tout ce que tu écris ma plaît, enfin il n'y a pas de mots..."

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  6. Lucie Grandemange5 juin 2014 à 05:03

    Lucie Grandemange a écrit le 29 avril 2014
    "Vous rappelez-vous de moi? Je m'étais arrêtée à votre stand lors de l'expo d'Offemont! En général on se souvient de moi lorsque je précise que j'étais en "fauteuil". Je vous avais acheté La Place Cléricée, je l'ai lu en 15 jours. Il est facile, bien fluide et on apprend beaucoup de choses... Votre écriture est agréable et j'étais contente de me replonger dans le monde des archives et quelle chance de pouvoir traverser l'espace-temps et vous rendre sur place! Enfin pour voir des exécutions, c'est moins drôle...
    Alors j'étais ravie quand mon frère et ma belle-soeur, en vous revoyant à une autre expo, vous ont acheté pour mon anniversaire "La Roche de Belfort". Je ne l'ai pas encore ouvert, mais je sais que je vais passer de bons moments à le lire!

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  7. Edwige Guillon8 juin 2014 à 12:39

    Edwige Guillon a écrit sur Amazon le commentaire suivant:
    Un livre très instructif sur la vie de nos arrières grands-parents. On ne peut imaginer toutes ces souffrances et surtout les conditions pour les délits commis.

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